Tutos textes pour le Cross de Maxime Pinot

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Vins
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Tutos textes pour le Cross de Maxime Pinot

Message par Vins » lun. 27 avr. 2020 14:05

Ci dessous les tutos de Maxime Pinot, je copie colle ici car il les publie sur Facebook...
Les sources sont donc :

Partie 1 : https://www.facebook.com/maxmixpinot/po ... 3962174105
Partie 2 : https://www.facebook.com/maxmixpinot/po ... 3866953781
Partie 3 :https://www.facebook.com/maxmixpinot/po ... 6169282884

Partie 1 : Tergiversations sur le Cross:
Le temps libre actuel, ainsi qu'une évolution à venir dans mon orientation de moniteur vers l'enseignement du cross ( dont je et nous vous reparlerons bientôt), me permet de poser par écrit quelques fondamentaux du vol en cross-country et en compétition. Après 15 ans de vol, 11 ans de compétition de la base au plus haut niveau, et 7 ans à enseigner ma passion, je me sens capable de synthétiser (et comme toute synthèse elle sera critiquable ou à raffiner) ce qui fait la performance en vol de distance.

Parce que oui, le cross est affaire de performance même si l'on n'a pas les ambitions d'aller battre des records du monde, ou tourner sur le circuit PWC. Vous devrez être performant dans certains compartiments du vol pour réussir à vous déplacer dans les différentes masses d'air que vous rencontrerez.
Je vais donc prendre certains de ces compartiments qui font la réussite d'un vol, et les détailler, pour essayer de comprendre comment pousser les curseurs de réussite vers le haut. On commence ?
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Préambule : prendre le parapente comme un sport à part entière pour progresser

Avant d'entrer dans le vif du sujet, il s'agit de faire ici une mise au point sur la méthodologie pour progresser.
Une progression en parapente se construit, notamment quand on veut avancer dans la performance. Il s'agit de se connaître, et d'être rigoureux.
On rencontre principalement deux types de pilotes au début d'une progression: les instinctifs et les analytiques. Je crois fortement que la performance s'atteint par une balance des deux.
En effet, notre sport repose sur un rapport triple complexe : pilote/équipement/environnement.
La compréhension de cette triplette, le côté analytique, de passer des verrous de la progression par l'intelligence du pilote, et l'intelligence collective (se former et échanger avec les personnes d'expérience). En revanche, à d'autres moment, lâcher le trop analytique pour laisser parler son instinct et ses entrailles va permettre la découverte, les erreurs et les réussites, mais aussi de répondre à ce milieu invisible, dont personne ne peut réellement se targuer de tout comprendre (et c'est à cet endroit précis que nos sens peuvent nous aider).
Quelque soit votre façon d'appréhender le vol, il vous faudra une arme : des données.
Par données, j'entends être scrupuleux sur le debriefing de vos vols, même à petit niveau. Comptabiliser est une chose, et vous permettra d'évaluer votre volume qui est un facteur non négligeable de progression. Mais raffiner votre analyse vous permettra d'identifier rapidement les points qui vont bien, et les autres qui pêchent.
Tenez votre carnet de vol et notez, notez, notez ! Il est bon de recueillir des données objectives (plafond - vz moyenne sur 20sec, description des conditions météo ) , tout autant que subjectives (tout ce qui vous passe par la tête). C'est souvent à la relecture (mensuelle, pourquoi pas) que des facteurs communs ressortent et permettent d'orienter la suite de sa progression.
Gagnez du temps dans votre progression en adoptant ce petit réflexe si utile. Il y a des pilotes doués au début d'une progression, ceux qui ont ce feeling. Mais à la fin, ne performent que ceux qui auront su allier l'instinct et la compéhension.
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Tout vient à point à qui sait monter !

Dans la mythologie du vol de distance, l'accélérateur est souvent roi. En tout cas le roi des conversations de bar. Mais le roi des rois, plus discret, est un autre compartiment du cross : la montée en thermique.
La montée en thermique est la fondation de votre maison, la base aérobie d'un sportif. Ce sera, dans toute votre vie de pilote votre meilleur atout. La négliger, c'est construire votre progression telle un château de carte.
Un pilote est un logiciel qui se raffine au cours du temps, au long de sa progression.
Au début de sa progression, il ne peut inclure dans son logiciel que quelques paramètres très basiques, qui requièrent toute son attention et sa concentration. Le volume et l'analyse aidant, petit à petit notre débutant va pouvoir ajouter des éléments à son analyse car il aura automatisé des choses et pourra libérer son esprit pour des analyses périphériques mais tout aussi importantes : là est la clé, pouvoir libérer sa concentration pour d'autres tâches, des tâches notamment prospectives (tournées vers les actions que j'aurai à accomplir dans un futur plus ou moins proches).
Je vais maintenant essayer de découper cette progression en allant des aspects les plus basiques de ce logiciel jusqu'au plus raffinés, dans le sens qui me semble le plus judicieux au vu de mon expérience personnelle, de tous les pilotes de haut-niveau que j'ai côtoyé, et des élèves qui sont passés entre mes mains.
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I) Fais tes Armes, jeune padawan

Laissez moi rappeler en préambule à ce premier sous chapitre l'importance de voler en sécurité. Avant de vous lancer dans le vol en thermique, vous devez être autonomes sur les facettes fondamentales du vol et être capables de vous adapter à des situations moins scolaires.
Ceci étant dit, il y a quelque chose d'extrêmement bien fait : je considère qu'il ne sert à rien d'aller découvrir le vol en thermique aux heures les plus fortes de la journée. Le matin et le soir seront deux moments très privilégiés de la progression dans ce compartiment de vol.
Pourquoi ? Parce que ces périodes vont permettre de comprendre en détails le fonctionnement du couple aile/pilote ainsi que l'assimilation des ressentis associés. Ce premier point est le fondement des fondements.

1) Relation aile/pilote et sensations

Je ne vais pas faire ici de grandes leçons de mécavol qui m'ont toujours barbé. Je vais essayer de retirer les points fondamentaux, directement liés à mon expérience et mes souvenirs de tout jeune pilote.
J'ai commencé le parapente avec une Nervures Estive de 16m2 (je vous laisse trouver une photo), à 13 ans. Sans variomètre pendant plus d'une année de vol. Je vous laisse imaginer que rester en vol était en lui-même un challenge. J'ai du rapidement développer un modèle de compréhension largement fondé sur mes sensations et des principes de base :

- Placer le virage au bon endroit et au bon timing pendulaire :
C'est la première chose qui me vient en tête lorsque je fouille mes souvenirs. Qu'est ce que cela veut dire ?
C'est d'abord comprendre qu'une voile ne tourne correctement qu'après le pitch pendulaire engendré couramment par une entrée en thermique. Je vois nombre de pilote vouloir « forcer leur aile » alors que celle-ci est encore « derrière eux ». Cette tendance est souvent détectable au fameux virage « carré » et à une sortie souvent sous le vent de l'ascendance. En somme, une succession de pitch peu efficaces. Apprenez dons à attendre votre voile et à y aller lorsque celle-ci à retrouvé sa vitesse et donc son mordant pour vous permettre d'effectuer des virages propres. La vitesse est un facteur de glisse. Sans vitesse, vous n'êtes qu'un bouchon secoué dans les vagues.
La seconde chose, c'est le moment de placement du virage. C'est là qu'une part d'imagerie mentale commence à intervenir. Ma méthode était, et est toujours, de placer un point mental dans le noyau quand je le traverse. Nous sommes habitué dans notre vie de tous les jours à juger des vitesses et anticiper des trajectoires. Nous sommes donc capables de retrouver ce noyau par rapport à un jugement temporel malgré l'aspect 3D qui entre en jeu. Pouvoir dire si le noyau est dans votre dos, ou devant votre nez est déjà avancée spectaculaire dans la progression. Et c'est souvent en limitant cette disposition par l'utilisation précoce d'un vario qui va retarder la progression. Apprenez à sentir et visualiser votre déplacement dans la masse d'air.

- Les commandes comme prolongement de tes doigts :
Une autre chose a été primordiale dans ma progression : c'est une rapide prise en compte de la fluctuation de l'effort aux commandes. J'ai très rapidement pris en compte que plus l'effort aux commandes augmentait, plus la zone était propice. Et vice versa. Je suis donc devenu en sorte un psychopathe de ces sensations, doigts en alerte pour sentir les quelques grammes qui augmentent ou disparaissent en fonction de mes déplacements. Cela est due au fluctuation notamment des FA. Mais ce qu'il faut surtout retenir c'est que si l'effort augmente, tu chauffes jeune padawan !

- Resserre quand ça faiblit, élargit quand ça forcit :
J'ai toujours été très étonné par un consensus marqué dans la plupart des écrits sur le vol en thermique : élargir ses 360° quand le thermique faiblit, resserrer quand cela forcit.
Au début d'une progression, je crois qu'il est utile d'adopter... complètement l'inverse.
Pour quelques raisons :
Un thermique qui faiblit est déjà une contrainte de plus pour notre jeune pilote. Il va devoir adapter son imagerie mentale. Ne lui demandons pas en plus de réfléchir dans quel sens prospecter. Et laissons le raffiner son image mentale dans une zone restreinte. Cela lui permet d'exercer cette méthode, et de passer plus de temps en l'air (importance du volume) car sans se leurrer, il a énormément de chance de poser suite au départ de la zone propice.
Un thermique qui forcit ou est stable est l'occasion pour notre oisillon pour découvrir les limites de l'ascendance, d'explorer, pour mieux y revenir s'il se trompe parce que son image mentale y est bien définie.

2) L'oeil du jeune Faucon !

Après avoir posé quelques fondamentaux dans de purs aspects de pilotage, vient maintenant le moment d'aiguiser votre œil sur les indices à votre proximité directe. Exit le cumulus à 5 kms de là, ou 1000m au-dessus de votre tête, concentré-vous sur ce que vous avez dans votre champs d'action !
J'ai toujours remarqué que les meilleurs pilotes avaient un regard extrêmement aiguisé pour repérer de petits indices que d'autres ne voient pas.

- Les indices objectifs :
J'appelle les indices objectifs tout ce qui est en mouvement dans la masse d'air, et montre une élévation objective de la masse d'air : oiseaux, autres pilotes, et pollen notamment. Tous sont des marqueurs très forts de la masse d'air. Ne laissez pas échapper une miette de leur évolution. S'ils montent plus vite que vous et qu'ils sont atteignables, vous n'avez aucun droit de les laisser faire sans agir. Cela implique de d'apprendre à ouvrir les yeux, tourner la tête, ne pas être en apnée en vol ou complètement focalisé sur un instrument de vol perturbateur. Aujourd'hui encore en thermique, mon vario n'est là que pour confirmer mes sensations. Je le regarde très peu.

- Les indices subjectifs :
A ce niveau faible d'analyse, il n'y en a quasiment qu'un seul réellement exploitable : la végétation. Mais quel indice utile ! Que ce soit au décollage pour choisir son moment départ, que le long du relief en vol, cela va vous permettre de cerner la zone. Ceci est d'autant plus efficace au moment où la convection se met en place, ou qu'elle faiblit, vu que les brises de pente et de vallées faiblissent. Si un endroit est particulièrement agité à proximité, il faut foncer !

3) Vole, vole, autant que possible !

Hé oui, comme dans tout sport, le volume est une partie cruciale de la progression. En étant direct, ne pensez pas accéder au cross en volant 15 jours ou 3 semaines dans l'année. C'est une illusion. A ce moment de la progression, il faut mettre les bouchées doubles... sans chercher à trop en faire.
Quand je parle de trop en faire, j'entends deux choses :
Aller trop vite dans des conditions fortes qui peuvent atteindre votre mental et votre sécurité
Vouloir partir en cross dès lors qu'on a réussi un plafond.
Je ne vais pas m'attarder sur la première mais sur la seconde.
Partir en cross est gratifiant, même si l'on pose au bout de la première transition. Mais la répétition des gammes de montée en thermique sera bien plus efficace à moyen terme. A titre d'exemple, le Pôle espoirs de Font-Romeu, qui a fait émerger certains des meilleurs pilotes du monde, a appliqué et applique toujours de mémoire la méthode suivante : monter au plafond, redescendre, et recommencer. Pour les nouveaux entré en septembre à la rentrée des classes, il fallait souvent attendre le mois de mars pour effectuer ses premiers kilomètres hors du bocal. Il faut savoir que durant cette période de 7 mois, les pilotes pouvaient totaliser jusqu'à 100 heures de vol. 100 heures de « je monte, je descends, je recommence ». L'expérience soustraite était énorme, les bénéfices multiples :

- Enorme travail technique
- Evolution progressive du mentale
- raffinement du logiciel du pilote en ajoutant petit à petit des paramètres
- et souvent négligée, l'endurance en vol, fine tension entre ressources physiques et tensions mentale

Bien sûr, on peut rendre ce jeu ludique par différents exercices ou ajouts de facteurs :

- Jouer avec les copains au « roi du thermique »
- Faire varier le point et l'altitude de raccrochage suite à la phase de descente
- Utiliser la phase de descente pour certains exercices (manœuvres de descente, familiarisation avec l'accélérateur, détente pilote, etc.)

Tout ça pour faire passer le message suivant : manger du thermique, encore et encore ! Nous voyons trop de gens arriver en stage cross avec une montée en thermique catastrophique. A faire cela, vous perdez temps et argent. Après les quelques conseils que j'ai pu donner ici, il n'y aucune solution miracle : faites des heures, soyez exigeant avec vous-même et débriefez correctement chaque vol.

Après avoir détailler ces 3 points, qui me semblent être les fondamentaux, nous allons pousser plus loin dans la performance.

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II) Devenir le Gunner du thermos !

Les meilleurs pilotes du monde sont les meilleurs grimpeurs ! Je l'ai rapidement compris en débarquant en Coupe du Monde. En fait il y a deux choses qui sont particulièrement choquante entre un très bon pilote, et un très bon pilote en Coupe du Monde : la capacité à optimiser la montée, ainsi que la capacité à « flotter » (et donc de surcroit optimiser les régimes de vol).
Nous allons maintenant nous attarder sur la montée, le flottement étant un tout autre chapitre.
Entrons maintenant réellement dans le vif du sujet en ajoutant des champs d'analyse à notre logiciel.

1) La Sempiternelle question : Ovaliser au vent ou dériver ?!

Voilà LA question en vol en thermique. Souvent avec des réponses assez entendues et caricaturales. « Non mais là J-P, il fallait dériver, et non ovaliser. C'était une bulle ! ». Bien heureux celui qui peut avoir ce niveau d'analyse ! Personnellement, je raisonne différemment.
L'idée générale étant de réussir à monter dans la zone propice, sans avoir à déduire si c'est un tétraèdre à cinq cornes ou une colonne bien disciplinée.
La première chose qui entre dans mes considérations c'est le flux (les flux qui sont d'ailleurs au fondement de beaucoup de mes mentalisations. J'y reviendrai notamment dans l'analyse des zones de déclenchement, un autre chapitre). Lorsque j'entre dans une zone ascendante, j'ai une énorme propension à redresser au vent le plus vite possible. Pour trois raisons :

- J'élargis mon spectre de prospection en ouvrant mon potentiel de trajectoires efficaces pour retourner sous le vent de ma position si je me suis trompé dans mon analyse.
- Parce qu'il est assez courant que le noyau le plus fort se trouve tout de même au vent.
- En cas de proximité avec le relief (si j'évolue au vent), cela me donne de la place pour boucler mon virage

De là, je vais commencer mon travail de cartographie du thermique. Je vais placer un point mental à chaque augmentation de ma Vz (vitesse verticale) pour bien me repérer dans l'espace.
Et je vais être extrêmement attentif à un dernier facteur: le phénomène d'aspiration !
Pour moi il est la clef du vol en thermique, pour faire coïncider placement et ressenti du pilote.
Qu'est-ce que j'entends par là ?
C'est cette sensation que la voile « tire devant ». Tant que ma voile tire devant, ce qui est notamment tout à fait remarquable vent de face avec l'augmentation de la pénétration, j'avance sur axe ! Néanmoins pour que cet effet puisse être ressenti, il faut savoir faire une chose : laisser voler votre destrier. Laissez lui de la vitesse. Il m'est déjà arrivé de voir ma voile faire un 180° à cause de l'aspiration ! S'il n'y a pas d'obstacle, il faut la laisser faire ! Elle sait mieux que quinconce où est la zone favorable, telle une feuille morte dans la masse d'air.
La laisser voler a un deuxième bénéfice : éviter d'engendrer des mouvements parasites. Engendrer des mouvements parasites, c'est ajouter des mouvements qui vont venir perturber le tangage et le roulis. Avec pour conséquences de fausser vos sensations et vos infos vario, et donc de vous faire prendre les mauvaises décisions de placement.
En résumé, tant que votre voile tire plus avant, ovalisez. Si elle s'assoit, c'est que vous venez probablement de dépasser la zone favorable. Rejoignez au plus vite le dernier point mental favorable que vous avez marqué !

2) La Sempiternelle question bis : Noyauter ou moyenner ?

Et voilà la deuxième. Un peu comme le « tu tires ou tu pointes?! » de la pétanque, « tu noyautes ou tu moyennes ?! ».
Encore une fois pas de recette miracle, tout est dans l'adaptation.
Comme dis plus tôt, la structure des ascendances est extrêmement protéiformes. Il est même assez rare de tomber sur le parfait petit thermique des livres à un seul noyau. La plupart du temps, nous sommes confrontés à plusieurs noyaux. La question devenant alors la suivante : l'un d'eux est il plus puissant que les autres et assez large pour que je me concentre sur lui ? Ou dois-je naviguer entre les différentes zones que j'ai cartographié ?
Les deux mon capitaine ! Pas de méthode universelle, cela dépend aussi de votre profil de pilote.
Mais on peut tout de même en dire deux mots. Souvent cette question arrive lorsque la zone est difficile à monter, que vos sensations sont faussées par de nombreuses attaques sur le roulis ou le tangage de l'aile car la zone est hétérogène. Votre vario hurlant et buzzant à qui mieux mieux.
Dans ces cas, il ne faut plus travailler aux sensations ou aux indications vario, mais par rapport à l'altitude gagnée. C'est à dire que je vais me mettre à regarder le champs « altitude » de mon vario plutôt que la « vz moyenne ». Si après chaque tour, j'ai gagné de l'altitude, je peux rester sur ma stratégie. A l'inverse, il va falloir penser à s'adapter.
Néanmoins, plus les situations sont cisaillantes (souvent trouvées dans des conditions de fortes pressions et faible humidité, plutôt stables) plus noyauter vous donnera du confort avec l'inclinaison et l'augmentation de la vitesse de rotation (facteur de charge, plus grande solidité du profil) et en évitant les bordures. A l'inverse, dans des masses d'air plus homogène, la technique devient moins prépondérante la plupart du temps.
Réponse de normand donc. Mais quand on voit comment monte Honorin Hamard, on se dit que le normand a une longue vie thermique devant lui.

3) Influence du relief

Le relief peut influer tel un flux sur notre thermique et ses mouvements. Il y a une corrélation direct entre la topographie de la zone de déclenchement et sa forme. C'est du moins ce que je constate de manière empirique. Un exemple très simple :
Une thermique déclenchant au pied d'un plateau. Tant que le thermique monte le long du bord du plateau, il va rester plus ou moins vertical et puissant. Arrivé à zone plate, votre thermique va probablement subir, s'il n'est pas assez fort ou n'a pas pris source en avant des pentes, la dérive due à la soudaine horizontalité des filets d'air et de l'effet de compression : il va se mettre à dériver. Avant de peut-etre se redresser si d'autres sources sur le plateau viennent abonder la zone.
En tout cas cela vous amène souvent à un choix : remonter au vent trouver une zone meilleure, dériver.
Je tranche souvent la question au cas par cas mais certains facteurs demeurent :

- Rester en bordure du plateau, au vent, me permet dêtre plus sécurisé quant au fait qu'il y aura de nouveau déplacement. Si j'ai un doute, je reste au vent. D'autant plus si le plateau derrière est descendant et lisse. car si c'est le cas, il est peu fréquent que de nouvelles sources viennent abonder mon thermique, la composition descendante légèrement descendante et la capillarité naturelle de l'air s'ajoutant pour rendre difficile voire impossible la libération de nouvelles sources.
- Si le plateau n'est pas descendant sous le vent, qu'il est hétérogène en topographie, ou qu'une face verticale est au bout du tunnel, j'aurai tendance à me laisser dériver.
En tout cas ne soyez pas étonnés que le relief influence l'inclinaison d'un thermique, même en quasi absence de flux. Car une bulle d'air chaud encore accrochée au sol ne va jamais descendre les pentes, et créera sa propre dérive avec sa tendance naturelle à les remonter. De ce que j'en ressens.

4) Le thermique, émagramme de la masse d'air !

Le mot est laché, le vilain mot ! Mais ne t'en fais pas, pas question de se lancer dans une analyse compliqué de l'émagramme ici. Ce que j'entends par là, c'est que le thermique est le moment privilégié pour collecter des infos. C'est maintenant qu'on étoffe réellement notre logiciel qui va nous rendre performant dans la montée, dans le déplacement. A partir de ce moment, il devient tout de même quasi incontournable de voler avec un vario.
Que vais-je noter lorsque je monte au plafond de mon premier thermique de la journée ? Voilà une petite liste que j'espère exhaustive. Il ne convient pas dans votre prochain vol de vouloir tout analyser, mais de prendre un ou deux champs parmi ceux que je vais proposer ci-dessous et évaluer si vous êtes capable d'en mémoriser les données. Si oui, alors vous pourrez ajouter des champs.

Vz moyenne : La Vz moyenne, c'est la force de votre thermique sur un temps donné. Je considère que 20 secondes est un bon temps de référence. Entre 15 et 30, cela donne une bonne idée. En dessous, l'info est inutile. Au-dessus, le faiblissement de l'ascendance peut-être multifactoriel.
Avoir conscience de la Vz moy, si l'on reste uniquement dans le cadre de l'exploitation du thermique (et non le déplacement en cross), cela va notamment vous permettre de repérer deux choses :

* De potentielles inversions
* Des changements de flux et de dérive

Si mon thermique faiblit, je vais donc pouvoir me questionner sur ma tactique.

- Altitude de faiblissement ou augmentation de ma Vz moy : je dois toujours avoir en tête cette (ou ces) altitude de changement de comportement de mon ascendance. Tout ça pour ne pas être surpris lorsque cela réapparait

- Altitude des changements de dérive, force et direction : pareil que le facteur cité au-dessus. Ceci est un phénomène très courant, notamment à la limite entre brise de vallée/pente et vent météo, qui va créer une perturbation pour votre thermique. Vous devrez vous attendre à jongler avec les stratégies que nous avons vu au chapitres précédent.
Plus généralement, que ce soit dans ou hors du thermique, vous devez être capable de donner tous les changements de flux observés. C'est réellement primordial pour pouvoir ensuite se déplacer et produire les bonnes analyses.

- Plafond du jour. Ce qui m'aidera plus tard à analyser mes altitudes de navigations.

- Mes thermiques sont ils plutôt sur le relief ou en amont du relief ? Cela va influencer ma tactique de positionnement

- Plus tard dans la progression peut-être, de quel côté du cumulus cela semble monter ? Là aussi, cela permet de trancher une question : vais-je au vent ou au soleil du cumulus ? Ma réponse : souvent sur une tranche horaire donnée, les cumulus se comportent de manières assez similaires. Je vais donc très souvent reproduire le même raisonnement pour trouver la source. Jusqu'à ce que je tombe sur une anomalie et que je remette à jours mon logiciel avec de nouvelles données. Encore une fois, il n'y a pas de réponse miracle, mais un ensemble de facteurs qui font que sur ce laps de temps, c'est un fonctionnement qui va être efficace plutôt qu'un autre.

Si l'on résume tout cela, si vous êtes capables de donner :
- La Vz moy des thermiques du jour dans des tranches données
- direction et force des flux à chaque changement ressenti dans la totalité de la couche convective
- Et tout ça sans trop penser à votre pilotage, parce que vous vous êtes bien entrainés en amont.
On est déjà très très bien pour envisager la suite ! Mais vous verrez que ce n'est pas si facile !
En revanche, n'oubliez jamais que votre masse d'air est vivante, mouvante et évolutive. Il convient donc souvent de remettre en question votre plan du jour pour rester à la pointe:)

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III) Quelques conseils lancés au vol !

Pour refermer cette première réflexion sur le simple mais complexe vol en thermique, quelques conseils au vol, ou idées désorganisées que j'ai pu oublier !:

- Varier, varier et varier vos sites de vol! Ne restez pas terrés sur votre « spot » ! C'est l'expérience et les situations nouvelles qui vous feront faire des associations de moments vécus et vous permettront de rendre la bonne solution le jour J !
- Pour les débutants en vol, privilégiés les sites peu fréquentés, permettant de vous exprimer loin du relief notamment. Les sites de plaines avec un peu de dénivelé sont idéaux : Mont-Poupet par exemple. Pour les alpins du nord : Semnoz, Aiguebellette, Ebaudiaz, etc.
On n'a jamais vu un St Hilairien bien monter en thermique (mais il est bon en cheminement :D)
- Varier, varier et varier les conditions! Sortir son parapente seulement quand c'est bon, c'est le début de la fin des haricots... Volez absolument dans les petites conditions !
- Lisez les récits de vol des top pilotes (j'ai été extrêmement influencé par Luc Armant ou Max Jeanpierre quand j'étais plus jeune) pour construire petit à petit vos schémas mentaux ! Profitez de leurs expériences pour réfléchir à ce qu'est une masse d'air.
- Ne forcez pas vos limites en début de progression. Cette étape viendra plus tard, lorsque l'on est mieux armé pour répondre à un grand panel de situations !
- Même au sol, regardez le ciel. Et apprenez à comprendre pourquoi les flux se comportent de cette façon ici et à cet instant T.
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Nous reviendrons plus tard sur le thermique, comme haut lieu et temps fort de la décision en cross. Mais pour le moment, je vous laisse déjà digérer ça !

Partie 2 : Une histoire de forêt...

J'ai décidé de passer par quelques petits propos liminaires sous forme de petits articles, préparant à un grand article de synthèse sur « comment trouver un thermique ? » . En prenant des exemples très concrets qui permettront à tout le monde de comprendre le fond de ma pensée, avant le propos plus général. Et ainsi éviter aussi les mauvaises interprétations lorsqu'on abordera des thèmes comme le vol sous le vent par exemple.
Parce que oui, le cross demande de désapprendre un bon nombre de choses martelées, à bon escient, à l'école du vol libre, pour donner un cadre sécuritaire solide à nos élèves.

Je vous propose donc de vous plonger quelques minutes avec moi, dans un vol au Mont Poupet en 2013, que vous trouverez ici: https://www.paraglidingforum.com/leonardo/flight/762677
A cette époque, je travaillais beaucoup les circuits bouclés en plaine parce que j'estimais qu'ils nécessitaient un grand panel de compétences, les erreurs étant la plupart du temps tout à fait fatals.

Pour poser quelques bases pour bien comprendre :le vol se passe en juin, entre 12h35 et 18h50, soit 6h15 pour tourner à peine 80 kms en triangle (ça pose la difficulté de l'exercice) . Il y a 4 moments dans ce vol :
- phase 1 : une petite branche en direction du sud-est
- phase 2 : une descente sur un cap sud sud-ouest
- Phase 3 : une longue remontée au nord
- Phase 4 : une rentrée sur site vent arrière quasi plein sud

Les conditions sont plutôt bonnes, avec de bons plafonds pour le secteur, un ciel faiblement marqué sur les petits reliefs et plus joli sur la plaine ... mais un vent du nord somme toute consistant !
Et c’est justement ce vent de nord qui va me permettre d'aborder le petit thème du jour, qui est dan mon schéma d'analyse personnel le plus important : l'analyse des flux et l'identification des secteurs les plus protégés de ces flux, en corrélation bien sûr avec la puissance de notre soleil. Parce que ce sont à mes yeux les zones les plus propices.
J'ai pris volontairement un exemple de plaine pour pouvoir quasiment négliger (sauf sur extraction et phase 1 du vol) l'angle auquel frappe le soleil vu qu'on néglige le facteur pente !
C'est pour ça que je vais uniquement me concentrer sur la phase 3 de ce vol, face au vent, entre le village de Poligny et celui de Quingey (pas loin de Besançon).
Ouvrez la trace dans Google Earth, dans la version « most detailed, bigger size » histoire d'avoir la puissance des thermiques et l'ombre projeté au sol. Soyez y très attentif. Et on peut y aller !

Comment remonter face à ce vent du nord assez marqué pendant tout ce temps ?
Plus on s'écarte du bord du plateau du jura vers la plaine, plus le ciel est beau. Maintenant il me faut trouver le schéma qui va bien pour cette journée, et cette phase de vol.
Alors que j'enroule un thermique au-dessus de la forêt clairsemée de vaivres, j'analyse la situation devant. Un joli cumulus trône près de Grozon. J'y fonce. En transition j'affine mon analyse. Ok, les champs. Mais surtout une bonne grosse parcelle de forêt, que j'attaque par son côté sous le vent.
La masse d'air se met à porter, puis monter. Je mets quelques tours à bien centrer le tube, mais je me retrouve rapidement dans le meilleur thermique de mon début de vol.
J'ajoute donc les données importantes du jour : ça marche sous le vent des forêts.
Nouveau cumulus devant, nouvelle parcelle de forêt : la même ogive, qui m'envoie cette fois à plus de 2000m, au plafond.
Jamais 2 sans 3, j'applique la même méthode pour le suivant entre la Ferté et Vaudrey , dans une zone carrément encerclée par de la forêt à mon ouest, mais surtout à mon nord-est. J'y trouve un thermique de la même puissance que les deux précédents, mais cette fois ci quasi sans dérive, et pour un plafond à 2300m.
Les trois derniers thermiques avaient une amplitude (entre 900 et 1000m) et une Vz (entre 1.9 et 2.1m/s sur la totalité de la montée) très similaires. Seul le plafond a varié.

J'aborde alors une zone de changement de rythme. Quelques rares nuelles, dans un environnement cette fois dégagé de toute forêt. Mais à 15 kilomètres de là, les abords de la forêt de Chaud sont magnifiques.
Je traverse la zone plutôt sur des œufs. Les thermiques sans les zones de protection crées par les forêts, ont pris une petite tarte : leur amplitude est bien plus faible, ainsi que leur vz. La vie d'un cycle semble être bien plus courte (300 à 400m d'amplitude), pour des vz allant de 1 à 1.5. En somme, une perte de 50% de puissance. Et ils subissent la dérive, forcément. J'essaye donc de voler au maximum dans la tranche haute de la masse d'air.

Un dernier thermique couché me met en bonne position d'un superbe cumulus juste sous le vent de la forêt de Chaux. Je fonce et attrape de nouveau un superbe de cycle qui me sattelise propre et net : 2.4 m/s sur 700m de montée, sans dérive ! Quelle différence ! Bon je suis quand même sous le vent d'une des plus grandes forêts domaniales de France mais, tout de même...

Voilà de quoi bien illustrer, si bien sûr mon raisonnement a été le bon, ce phénomène de « poche protégée » du flux général.
Donc en l'air, soyez toujours à l'affut des flux pour essayer de modéliser les écoulements de la masse d'air, pour en déduire ces zones très propice de protection. Plus la zone est vaste, meilleur c'est !
On mettra le relief dans tout cela lors d'un autre post. Ca va un peu se corser !
Cet exemple de plaine permettait en tout cas déjà d'aborder ce sujet.

A vous de jouer !


Partie 3 : Au vent ou sous le vent ? Une notion pleine de nuances !

Pilote issu de la plaine, expatrié dans les Pyrénées deux ans puis revenu dans mon Besançon natal pendant 4 ans, cette notion de au vent/sous le vent a longtemps revêtu un certains mystère.
Je me rappelle de mon premier championnat de France en montagne, dans le Chablais, comme une torture : des conditions et un style de vol dont je n'avais pas l'habitude, couplés avec une voile à très fort allongement (U4) avait réduit mon mental à néant. J'étais jeune pilote, 5 ans de vol seulement, et le simple feeling n'était plus suffisant pour parer les lacunes à ce niveau. Mais comme souvent, on apprend plus de ses mauvaises expériences que des réussites.

Mon entrée sur le circuit PWC a commencé à casser certaines de mes idées pré-conçues. Voler avec les meilleurs pilotes du monde, c'est lire le ciel à quasi livre ouvert. Cela a aussi un côté rassurant. S'ils peuvent le faire, je peux aussi après tout. Et mon déménagement pour les Alpes a catalysé mon goût pour la montagne. Qui ne me lâchera plus.
Entre quelques étapes typées plaine, trônait souvent une étape de montagne. Val Louron notamment, avec ses systèmes de brises d'assez grande ampleur alimentant plutôt les faces nord, laissant les faces sud exploitables sous certaines conditions dans un relief particulièrement hétérogène.

Mais mon vrai choc, ce fut la Coupe du Monde de Disentis en Suisse, en 2015. Après avoir gagné la Finale de la PWC en 2014, j'aurais pu tomber dans la facilité de la non remise en question. Mais le décalage de niveau fut criant entre Chrigel Maurer (sans oublier quelques autres fines lames suisses) et les autres.
Deux moments furent totalement marquants :
Une manche durant laquelle Chrigel nous a défoncé à chaque raccrochage, en visant directement les points de déclenchements sous le vent sur des trajectoires sans fioritures (le garçon sortait de la X-Alps, il était en cannes), tandis que le groupe gonflait souvent au vent pour d'abord raccrocher les faces au vent avant de se jeter sous le vent en serrant les fesses.
Nous avons pris une bonne fessée !
Un deuxième moment lorsque je me retrouve échappé avec l'aigle suisse et qu'il me laisse sur place au régime de vol. Obligé de ralentir la cadence pour attendre de nouveau le groupe.
J'ai compris tout de suite que je n'avais pas encore intégré toutes les subtilités du vol en montagne, qu'il allait falloir retravailler pour un jour pouvoir rivaliser sur un style de vol très esthétique porté sur l'avant et l'analyse fine du ciel et des écoulements.
(Un jugement purement subjectif de ma part l'esthétique de vol, mais mon estime pour les pilotes vient en très grande de leur finesse de vol et j'inclus complètement cela dans ma recherche de la performance... ce qui me jour parfois des tours parce que beauté du geste n'est pas toujours synonyme de performance. En somme il y a des pilotes très beaux à voir voler... et d'autres pas du tout. Même si leur niveau de performance peut être par ailleurs similaire)

J'eus un second choc, toujours dans un duel face à Chrigel, lors de notre première Bornes to Fly avec Jerem en 2016.
Après avoir rattrapé Maurer, nous abordons le Bargy sous un fort vent de nord (20-25 km/h) et plafond bas, mais une forte instabilité. Je choisis la face nord-ouest, Chrigel la face sud-est. Il ressort un peu plus vite et s'envolera vers la victoire.
Je m'en suis voulu, parce que cette fois-ci j'avais entrevu l'option mais un petit bloquage mental ne m'a pas permis de concrétiser le mouvement. Après coup, il est aussi toujours bon de comprendre ses propres limites, pour continuer le travail.

J'ai d'autres anecdotes en tête au cours de ma progression. Comme un entrainement avant la Coupe du Monde d'Annecy en 2012 où je voyais systématiquement Steph Drouin (et quelques autres) qui, lors des transitions face au vent, visait constamment les sommets plutôt que les failles (col, ou points de fuite). Je ne comprenais pas vraiment parce que cela réduisait largement la marge de manœuvre niveau hauteur sol au passage du sommet. Mais force était de constater que je finissais toujours plus bas. Steph m'expliqua que c'était comme prendre un contre courant en kayak. « Se cacher derrière et sortir au dernier moment... ou mieux, passer au-dessus ».
Un exemple assez classique de ce phénomène, c'est le raccrochage du Veyrier depuis les Dents de Lanfon. Il est très peu courant qu'ouvrir sa trajectoire en direction du Lac soit rentable car on s'expose rapidement au flux. La transition la plus efficace est souvent une trajectoire tendue pile en direction de la face sud, caché dans le sillage de la montagne.

Une autre anecdote fut un raccrochage de la face est de la Tournette depuis le Charvin, avec l'ami Tim Rochas qui me pourrissait en radio, sûr que nous allions nous faire déssouder à une heure déjà bien avancée (autour de 14h). Au début, nous avons visé un petit peu trop au sud, vers la Pointe de Chauriande, et avons en effet rencontré du flux de face, de la descendance et de la turbulence. Mais au lieu de persévérer dans l'erreur ou de battre en retraite, nous sommes simplement allés nous cacher sous le Crêt des Mouches, 1 km au nord, là où la montagne est plus imposante et où la brise de vallée restante a pu faire sa rotation direction le col du Marais en basse couche. Nous avons trouvé un gentil thermique très confortable et sommes passés en face ouest sans problème.
Par petites touches expérimentales, j'ai donc défini petit à petit ce qui était faisable. Ayant un faible pour les conditions à petit plafond pour l'entrainement, j'y ai développé un goût particulier. Comprendre l'écoulement de l'invisible est un jeu incroyable et trouver la zone de calme et l'ascendance associée est une chose extrêmement gratifiante.

Je me rappelle aussi avoir encadré un groupe de 6 élèves en cross il y a deux ans de cela. Nous avions décollé des Saisies, rejoint le Mont Joly puis voulions rentrer sur Annecy nous poser.
Le passage en Ouest des Aravis depuis le Beaufortain n'est jamais si aisé avec la grande veine du Col des Aravis qui fait couler la brise en direction de l'Arly.
Nous trouvâmes un excellent thermique vers Croisse Baulet qui nous mis en finesse des faces est des Aravis placées sous un vent d'ouest. La convection des faces est et l'instabilité du jour étaient encore suffisante pour protéger les faces est mais l'ombre venait tout de même jouer les troubles fête. Nous cheminâmes le long des faces un moment sous les crêtes, en direction du col, d'où j'imaginais aisément que le flux s'échappait et cassait toute convection à sa proximité. Je dis au groupe de tirer le frein à main à environ 1 km du col, sous l'Aiguille de Borderan, là où j'imaginais la limite de la zone de protection. Commencèrent de longues minutes de prospection. Nico s'approcha même trop de la zone tampon et prit une fermeture assez massive. Je lui répétai de rester cacher dans la zone que j'avais délimitée. Et la porte de sortie arriva sous la forme d'un excellent thermique, qui nous permit de passer en ouest sans sortir le nez au vent !

J'aurais une multitudes de petites anecdotes du genre. Mais il est temps de faire une petite synthèse qui vous permettra le jour J de prendre la bonne décision :

- Il y a déjà un petit propos liminaire à avoir :

Vous devez être prêt en tant que pilote, mentalement et techniquement. Il ne s'agit pas d'expérimenter inconsciemment ce qui ne pardonne pas l'erreur. Mis il s'agit tout de mêle d'accepter que vous allez sortir de votre zone de confort.
Une erreur de jugement sur un compartiment de vol comme celui-ci peut-être une expérience un peu traumatisante.
Il faut donc avoir un gros volume de vol, avoir déjà exploré convenablement les limites d'un vol plus « classique » auparavant (faire correctement ses gammes), être formé en technique pure de pilotage (SIV), et surtout apprendre à ne pas fermer en l'air !
Ce dernier point est primordial. Apprendre à ne jamais fermer en parapente est la clé des clés de la sécurité, et cela ne s'apprend pas en SIV et malheureusement peu en école. En 15 ans de vol, je n'ai jamais eu à faire un seul décro en situation réelle. En revanche, combien de centaines et de centaines d'amorces de fermetures ai-je avortées ? Une fermeture n'est absolument pas normale et dois être une remise en question profonde de son engagement et de sa technique si elle intervient. En une X-Alps, je n'ai pas pris une fermeture. Pourquoi en prendriez-vous une sur votre cross ?

- Voilà ensuite ce que j'analyse personnellement au moment de prendre une décision :

1) Dans quelle masse d'air suis-je ? Basses ou haute pression ? Stable ou instable ?
Dans l'ensemble, les masses d'air à tendance subsidente vont rajouter de la turbulence et de la difficulté dans l'établissement de jolis thermiques. Donc en situation stable ou de haute pression, il faudra ajouter un petit warning au moment du choix.
Les masses d'air dans des pressions plus molles, ou dites instables, seront bien moins joueuses même s'il faudra se méfier de la puissance des brises de vallée notamment.
Un taux d'humidité élevé à aussi tendance à adoucir les réactions de la masse d'air

2 ) Quelle est la force et la direction du flux, la forme du relief et les failles/veines à proximité ?
C'est là que l'analyse devient encore un peu plus fine. Il n'y a pas de réponse toute faite à apporter mais des bribes de compréhension.
Dans l'ensemble, il me semble que le vol « sous le vent » s'adapte particulièrement bien aux massifs présentant des reliefs abruptes, là où les systèmes de reliefs plus arrondis vont laisser plus facilement les flux couler sous le vent et réduire les zones de protection à peau de chagrin (des zones où l'on chassera plutôt les zones de calmes plus loin dans les sillages).
La turbulence du flux évoluant au carré de sa vitesse, plus il est fort plus la turbulence est augmentée. J'ai tendance à penser d'après mes expériences que jusqu'à 10 km/h, ou plus empiriquement quand ça ne tient pas sur la face au vent, les effets perturbateurs peuvent être quasiment négligés (j'entends bien sûr si la face sous le vent est bien orientée au soleil, et que la forme du relief est bonne).
C'est au-dessus de ces vitesses, que le jugement devient fin et à ce moment qu'il faut sortir les méninges.
Le truc qui reste commun me semble t-il, c'est qu'il faut s'éloigner des zones de failles et veines. Quand on vise une zone sous le vent, ne visez pas un col, ou l'extrémité de la face bordant la vallée (ce sont des choses qui sont, je le sais mentalement rassurantes, mais inefficaces techniquement). Ce sont les pires endroits, là où vous rencontrerez un flux descendant, ou qui accélère. Sans avoir entamer sa rotation (horizontale) derrière le reflief. Cachez vous, et visez un point de raccrochage qui vous laisse tout de même une bonne hauteur sol qui permet au thermique de se développer convenablement.
Concernant la faisabilité sous des flux forts... je vous laisse lire le point suivant !

3) Le dernier point, c'est les cumulus ! Leur forme et leur placement par rapport à la montagne est l'élément de décision le plus objectif !
Si le cumulus est vertical le relief et est de belle forme (ou dans le cas de plafond bas crée une casquette sous le vent) cela montre une protection de la face « sous le vent ,au soleil » extrêmement forte (souvent parce que la convection y est excellente). Dans ces cas, je n'ai jamais d'hésitation.
Si le cumulus est décalé côté sous le vent de la montagne mais garde une bonne allure, c'est souvent que c'est un autre déclencheur que la face sous le vent elle-même qui le crée. Ce peut-être une arête dans le prolongement sous le vent par exemple. Souvent dans ce cas, il faut s'attendre à devoir naviguer plus au large sous le vent.
En revanche, si le cum est décalé sous le vent et que sa forme laisse perplexe (déchiqueté), il est bon d'y réfléchir à deux fois ! Cela témoigne très souvent d'une faible protection de la face et de cycles certes existants mais contrariés potentiellement par une composante descendante du flux. Si c'est le seul cum du coin qui clignote, j'irai peut-être en connaissance de cause. Si j'ai d'autres options à dispo, je n'irai probablement pas.

4)Le dernier point, c'est l'engagement. Quand on a décidé d'y aller, il faut y aller en étant 100% prêt à potentiellement prêt à affronter une erreur de jugement. Il faut avoir les armes techniques et y aller en conscience.
Et surtout ne pas rester sur les bordures de la zone que l'on aborde, car c'est souvent la partie la plus turbulente avant que les choses ne s'améliorent dans la véritable zone protégée !

J'ai hâte de pouvoir continuer ces explorations du ciel, car je pense mon expérience encore jeune ! Tant de choses à découvrir.

J'espère que ce petit article Quickie vous aura plus, et bien sûr n'essayer pas ça directement à la sortie du confinement, remettez vous déjà des heures de vol avant. Explorez. Apprenez à ne pas fermez. Et allez y par petites touches !

Bons vols !

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